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Bestiaires

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6 janvier 2008

Casse-pipe:

De la taille d'une mouche, – mais d'une mouche telle qu'on en croise sous les tropiques, à savoir grosse comme une poule d'eau de nos latitudes – le casse-pipe se confond souvent avec un épais tourbillon de poussières tant son vol est frénétique.

Son nom vient de ce qu'il accompagne souvent les fumeurs à l'aplomb desquels il stationne. Pourquoi cette attirance excessive? On a pu avancer plusieurs hypothèses toutes plus fantaisistes les unes que les autres. La plus vraisemblable est que le casse-pipe s'épouille par fumigation. Toujours est-il qu'il est fréquent de le voir se poser brutalement sur le tuyau d'une pipe pour souffler un peu, reprendre des forces et, l'hiver, réchauffer ses pattes.  C'est toujours un moment délicat pour le fumeur qui  dans l'espoir de sauver sa pipe met irrémédiablement ses dents de devant en danger.

Le casse-pipe se nourrit dans les airs. Il n'est regardant ni sur la taille ni sur la qualité ou la nature des proies qu'il croise en chemin et qu'il avale d'un coup en ouvrant sont large bec.
 


Chez les Kirilous du sud, le casse-pipe est considéré comme la femme du forgeron. On transporte l'oiseau empaillé –ou cloué sur une porte de grange – dans la forge du prétendant où il est accueilli par les parents du futur marié. Ils lui accorderont la main de leur fils non sans avoir versé beaucoup de larmes, surtout s'ils n'ont pas d'autres enfants pour transmettre leur nom.

Dans le riche langage métaphorique de ce peuple, le casse-pipe représente l'esprit s'enivrant aux fumées de la connaissance des forces chtoniennes.

 


Autres noms du casse-pipe : le brise-dents, la grande-gueule, le mange-tout,

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16 décembre 2007

Drapatel

Mammifère rongeur, vorace et prolifique, le drapatel possède une poche secrétant un épais liquide nauséabond. Son cri désagréable ressemble au bruit sec et aigu de la crécelle.

Il aurait été introduit en 1435 par le marquis  Arnoul Chailloux des Arnières de la Margerie.

Dans l'île d'Inferna, le drapatel a pour ennemi naturel le wawa. 

 

 

"Une taille bien prise, une tête menue, un museau fin, une jolie fourrure paille, une longue queue agile, de petits yeux rubis très-expressifs, une odeur peu commune, un cri ressemblant aux joyeux claquements d'une castagnette, voilà le portrait de ce rongeur vif et peu farouche"

Ardouin Chailloux des Arnières de la Margerie (1764-1835)

Mes bêtes (1834)

 

"Cependant on y voit plus d'enfants qu'ailleurs; cela vient que la partie huileuse du drapatel est propre à fournir cette matière qui sert à la génération. Ce serait une des causes de ce nombre infini de peuple qui est aux pays du levant"

Argymire Chailloux des Arnières de la Margerie (1689-1745)

De l'esprit des bêtes. liv.XXIII, ch.XIII.

"Naguère dans les marais, il y avait un homme dont la profession était la chasse au drapatel. Il vendait la substance onctueuse des glandes de cet animal à M. Chailloux des Arnières de la Margerie, mon ancêtre, pharmacien à Bourbon-Vendée, qui l'employait à faire la Panacée du Poitou souveraine contre les fièvres intermittentes bilieuses, la fièvre putride-maligne, les érysipèles, les fluxions au visage, les scrofules, les ulcères variqueux et la sciatique mais qui, lors de la grande épidémie de choléra,  ne s'avéra, il faut en convenir, que modestement efficace contre ce fléau."

Armentaire Chailloux des Arnières de la Margerie (1781-1855)

Annuaire  des hommes célèbres de Vendée (1854)

 

2 novembre 2007

Amelette

C’est un oiseau fidèle. Fidèle en cela qu’il ne quitte pas d’une semelle la personne qu’il s’est choisi et dont il annonce la mort prochaine. On ne sait au juste si « prochaine » se mesure en  heures, en jours, ou  en mois. On manque de statistiques fiables sur ce sujet mais, en règle générale, ne comptez pas sur une année supplémentaire. La nuit, on le comprend, serait défavorable à l’amelette s’il ne possédait, en plus du don de prescience, l’odorat aiguisé du chien de chasse. Qu’adviendrait-il si l’oiseau perdait votre trace ? On raconte que  «  tout serait bouleversé à jamais ». C’est excessif. Mais rien ne serait plus comme avant, c’est certain.

Dès qu’on aperçoit l’amelette à quelques mètres du sol, point fixe emplumé,  lançant son « Ve ! ve ! ve ! » grinçant, on se signe et l’on passe son chemin sans demander son reste. Surtout ne pas se retourner, ni regarder en l’air. La vie ne tient qu’à un fil. On rentre chez soi. On écrit que tout va bien. Le temps presse. Deux lignes suffiront.

16 octobre 2007

Chocette

    C’est le nom de la chuchaille fraîche de Marseille, mais  également de la cajouche salée en Saintonge. Dans le Bordelais le petit de la chocette est le jagajorille qui prend le nom de Xilotl à Tenochtitlan au Mexique. En Picardie les œufs de la chocette sont appelés piatoires ou pneuneufs selon qu’ils sont crus ou cuits. Mais dans les deux cas il sont impropres à la consommation.



                « Sachez que la pêche à la chocette exige une patience d’ange »    

 

                Almanach du Grand Pêcheur         1866

6 août 2007

Cancannote

 

D'une rondeur de carchouflien, gris cendré, la tête recouverte d'un capelet de plumes rousses, cet oiseau campicole, vivant à l'état sauvage et domestique, est recherché pour son chant mélodieux aux sonorités variées de clavecin, de violon, et de cor  qu'il fait entendre lorsqu'il est effrayé.

"Deux cents ou trois cents cancannotes furent réunis pour un concert qui, sous les feux d'artifice, amusa grandement l'assemblée de quoi les musiciens du royaume firent grands cancans ainsi que si la musique noble eût du périr pour être de la sorte contrefaite."

 

Hully ( 1668-1715)

Mémoires t.VI p.178, éd. de 1763

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6 juin 2007

Baba

On repère de loin les ocelles blanches et sang-de-bœuf des babas qui palpitent sur les tombes et vous fixent, les croyants l’affirment, comme les yeux crevés de je ne sais plus quel saint. Le dimanche, à l’heure du désert, les yeux entrent dans les maisons pour visiter les pâtisseries et s’y gaver de sucre.

Cependant, certaines pâtisseries leur sont fatales. Ainsi les babas au rhum, cachés dans les cimetières pour attirer les mouches.

5 mai 2007

Hoche-tête

Cet échassier est affligé d'un tic qui lui fait hocher la tête dès qu'on lui adresse la parole, et d'un bec en forme de clystère. Facile à dessiner en quelques traits, on s'étonne que l'animal ne soit pas devenu une figure héraldique.

22 février 2007

Ergosum

Animal de la taille d'une cervelle, l'ergosum, à la manière de l'escargot, laisse toujours une trace de son passage, et c'est pourquoi il est si facile de le chasser.
Le petit de l'ergosum est l'eurêka. Il fait d'agréables peluches.

17 février 2007

Echoquillette

Passereau vert pâle au bec et à la caroncule rouge cerise, remarquable pour sa capacité à imiter de nombreux bruits et tout particulièrement ceux des machines-outils.

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Chnikov :  Avez-vous entendu ce bruit, un bruit de taille-haie?

Temkime : Certainement, une échoquillette.

Chnikov : J'en entendis une, il y a peu, qui me rappela mon enfance. Je fermais les yeux, j'avais dix ans. Un après-midi, un jeudi sans doute, par un raccourci à travers bois, connu de moi seul, j'allais chez le dentiste.

Temkine : C'était une tronçonneuse?

Chnikov : Non, c'était une fraise, tout simplement. Une fraise pour évider les parties cariées des dents.

Temkine : Une fraise des bois, en quelque sorte.

Antoine Simon (1951-1998)

La conciergerie p.60  (1997) 

2 février 2007

Icarette

L'icarette symbolise la folie des grandeurs par sa capacité à se gonfler outre mesure et – telle une baudruche qu'on lâche - à se vider brutalement de tout l'air contenu pour s'envoler d'un coup. 

Cet envol qui à son point le plus haut tient en une petite dizaine de centimètres n'est guère impressionnant. Mais si on appliquait à l'éléphant cette propriété pneumatique, on le verrait s'élever d'un coup les airs sans aucun effort jusqu'au balcon d'un sixième étage. On serait alors surpris, ravi, effrayé aussi à l'idée de la chute à venir.

Si l'on observe l'icarette à la loupe, on ne peut que la comparer à une poire à lavement tant par sa forme que par la couleur vieux rose chair de ses écailles.

Elle possède avec le caoutchouc son élasticité qui a fait sa fortune et que lui envierait l'éléphant dont nous venons de voir les prouesses s'il la voyait retomber sur ses pattes avec la grâce d'une puce de chat et la légèreté de celle d'un rat.

Et maintenant un peu d'émotion...

" Les chanteuses s'étaient tues.

On n'entendit plus que la respiration caverneuse du druide Rug d'ab Fihr, le grésillement du feu de gui, les éternuements contenus des prêtresses en petite tenue.
Rug d'ab Fihr leva son regard vers le ciel et, tandis qu'il prononçait les paroles qui feraient reculer les ténèbres, il écrasa entre pouce et index une petite cage en or où était retenue captive depuis le solstice d'été l'icarette sacrée.
Gurmine d'ath Garbur, la jeune vierge qui avait élevé la suppliciée, les yeux brûlants de larmes, la gorge obstruée de sanglots, ne pu retenir un cri de douleur, heureusement couvert par la clameur de la foule assemblée."

La légende d' Elizée.

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