Casse-pipe:
De la taille d'une mouche, – mais d'une mouche telle qu'on en croise sous les tropiques, à savoir grosse comme une poule d'eau de nos latitudes – le casse-pipe se confond souvent avec un épais tourbillon de poussières tant son vol est frénétique.
Son nom vient de ce qu'il accompagne souvent les fumeurs à l'aplomb desquels il stationne. Pourquoi cette attirance excessive? On a pu avancer plusieurs hypothèses toutes plus fantaisistes les unes que les autres. La plus vraisemblable est que le casse-pipe s'épouille par fumigation. Toujours est-il qu'il est fréquent de le voir se poser brutalement sur le tuyau d'une pipe pour souffler un peu, reprendre des forces et, l'hiver, réchauffer ses pattes. C'est toujours un moment délicat pour le fumeur qui dans l'espoir de sauver sa pipe met irrémédiablement ses dents de devant en danger.
Le casse-pipe se nourrit dans les
airs. Il n'est regardant ni sur la taille ni sur la qualité ou la nature des
proies qu'il croise en chemin et qu'il avale d'un coup en ouvrant sont large
bec.
Chez les Kirilous du sud, le casse-pipe est considéré comme la femme du forgeron. On transporte l'oiseau empaillé –ou cloué sur une porte de grange – dans la forge du prétendant où il est accueilli par les parents du futur marié. Ils lui accorderont la main de leur fils non sans avoir versé beaucoup de larmes, surtout s'ils n'ont pas d'autres enfants pour transmettre leur nom.
Dans le riche langage métaphorique de ce peuple, le casse-pipe représente l'esprit s'enivrant aux fumées de la connaissance des forces chtoniennes.
Autres noms du casse-pipe : le brise-dents, la grande-gueule, le mange-tout,